La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n'ont pas pu s'en rendre maîtres. Jean 1, 5.

Qu'est-ce qu'un démon? ou la chute des anges

Dieu créa tous les Anges, il les créa bons, et libres. Cependant, à un moment donné, pour une raison que nous ignorons - le péché d'orgueil semble être un bon candidat... Saint Paul, lui, parlait du "Mystère d'iniquité" (2 Th2, 3-12) - un ange parmi les plus beaux et les plus puissants que Dieu avait créé se rebella. Il voulut lui-même devenir comme Dieu. Cet ange: Lucifer, allait entraîner dans sa révolte une partie des anges.

Il s'en suivit dans le ciel une grande bataille opposant les anges rebelles à ceux restés fidèles à Dieu. Ces derniers, menés par l'Archange Michel dont le nom signifie "Qui est semblable à Dieu?" remportèrent la victoire et jetèrent les mauvais anges hors du ciel.

"Alors, il y eut une bataille dans le ciel: Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. On le jeta donc, l'énorme Dragon, l'antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l'appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui. Et j'entendis une voix clamer dans le ciel: "Désormais, la victoire, la puissance et la royauté sont acquises à notre Dieu, et la domination à son Christ, puisqu'on a jeté bas l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu. (Apocalypse 12, 7-10)"

Ces mauvais anges sont ceux que l'on appelle les démons. Leur chef de file, Lucifer, est aussi appelé Satan. Il n'a de cesse que de tenter d'amener les hommes à le rejoindre dans sa rébellion contre Dieu en nous poussant au péché.

C'est suite à cette déchéance que nous parlons de "chute des anges".

Le Catéchisme de l'Église Catholique (1992) en dit ceci:

391 Derrière le choix désobéissant de nos premiers parents, il y a une voix séductrice, opposée à Dieu (Gn 3,, 4-5) qui, par envie, les fait tomber dans la mort (Sg 2, 24). L'Écriture et la Tradition de l'Église voient en cet être un ange déchu, appelé Satan ou diable (Jn 8, 44; Ap 12, 9). L'Église enseigne qu'il a été d'abord un ange bon, créé par Dieu. "Diabolus enim et alü daemones a Deo quidem natura crati sunt boni, sed ipsi per se facti sunt mali", "Car le Diable et les autres démons ont été créés bons par nature, mais eux-même se sont rendus mauvais". (Cc. Latran IV en 1215: DS 800).

392 L'Écriture parle d'un péché des anges (2P 2, 4). Cette "chute" consiste dans le choix libre de ces esprits créés, qui ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son Règne. Nous trouvons un reflet de cette rébellion dans les paroles du tentateur à nos premiers parents: "Vous deviendrez comme Dieu" (Gn 3, 5). Le diable est "pécheur dès l'origine" (1, Jn 3, 8), "père du mensonge" (Jn 8, 44).

393 C'est le caractère irrévocable de leur choix, et non un défaut de l'infinie miséricorde divine, qui fait que le péché des anges ne peut être pardonné. "Il n'y a pas de repentir pour eux après leur chute, comme il n'y a pas de repentir pour les hommes après la mort" (Saint Jean Damascène, f. o. 3, 4: PG 94, 887 C).

414 Satan ou le diable et les autres démons sont des anges déchus pour avoir librement refusé de servir Dieu et son dessein. Leur choix contre Dieu est définitif. Ils tentent d'associer l'homme à leur révolte contre Dieu.

Et encore dans le nouveau Compendium de 2005 :

74 Qu'est-ce que la chute des anges?
Par cette expression on indique que Satan et les autres démons dont parle la Sainte Écriture et la Tradition de l'Église ont été des anges créés bons par Dieu, puis devinrent mauvais, car par choix libre et irrévocable ils ont refusé Dieu et son Règne, donnant ainsi origine à l'enfer. Ils tentent d'associer l'homme à leur rébellion contre Dieu; mais Dieu affirme dans le Christ sa victoire sûre contre le Malin.

Il apparaît donc clairement que Satan est une créature de Dieu et seulement une de ses créatures aussi puissante soit-elle. Il n'est donc ni une sorte de demi-dieu, ni une sorte de principe du mal équilibrant un principe du bien comme on peut l'entendre dire ici ou la dans les sites d'inspiration new age ou gnostiques.

Jesus l'a définitivement vaincu en mourant sur la Croix et en Ressuscitant. Par son sacrifice, au prix de son précieux sang, il nous a rachetés nous les hommes. Par lui nous obtenons la Rédemption.

Dans "Avis et Maximes" Saint Jean de la Croix nous en dis ceci (chapitre VII):

"Rappelez-vous combien il est vain, périlleux et funeste de se réjouir d'autre chose que du service de Dieu, et considérez quel malheur ce fut pour les anges de se réjouir et de se complaire dans leur beauté et leurs dons naturels, puisque c'est pour cela qu'ils tombèrent, privés de toute beauté, au fond des abîmes."

Satan ayant la possibilité de se faire passer pour un ange de lumière, nous devons rester prudents et ne pas nous fier aux apparences... :

"Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde (1 Jn 4, 1)"

"Eh bien! Si nous-même, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu'il soit anathème! (Epître aux Galates, 1 v.8)"

Nous devons donc rester prudents, comme souvent, les apparences sont trompeuses... c'est à ses fruits qu'on reconnaît l'arbre...


Voir aussi ce qui en est dit à la rubrique "Espace Adultes". En effet, internet est devenu un lieu de propagande pour les démons. En navigant sans votre surveillance, vos enfants peuvent sans que vous ne le sachiez être mis en contact avec leur mauvaise influence et leur inclination au Mal.


Pour ceux d'entre vous qui douteraient de l'existence réelle du démon, voici ce discours du Pape Paul VI. Il explique très bien un certain nombre de points que nous Chrétiens avons parfois tendance à oublier ou négliger...


Documentation catholique, n°1621, du 3 décembre 1972

Discours du 15 novembre 1972 de Paul VI

      « Quels sont aujourd'hui les besoins les plus importants de l'Église? Ne soyez pas étonnés par notre réponse que vous pourriez trouver simpliste voir même superficielle ou irréelle: l'un de ses plus grands besoins est de se défendre contre ce mal que nous appelons le démon.

      Avant de préciser notre pensée, nous vous invitons à considérer dans une perspective de foi la vie humaine dont nous pouvons d'ici découvrir et scruter très profondément l'immense panorama. En vérité, ce tableau, dont nous sommes invités à contempler toute la réalité, est très beau. C'est le tableau de la création, de l'oeuvre de Dieu, dont lui-même a admiré la substantielle beauté, reflet extérieur de sa sagesse et de sa puissance.

      Et puis, c'est avec beaucoup d'intérêt que nous regardons le tableau de l'histoire dramatique de l'humanité, dont émerge l'histoire de la Rédemption du Christ, de notre salut, avec ses merveilleux trésors de révélation, de prophétie, de sainteté, de vie élevée au plan surnaturel, de promesses éternelles (cf. Ep 1, 10). Si nous savons bien regarder ce tableau, nous ne pouvons pas ne pas en être émerveillés (saint Augustin, Soliloques): tout a un sens, tout a une fin, un ordre: tout laisse entrevoir une présence transcendante, une pensée, une vie et finalement un amour, de sorte que l'univers, par ce qu'il est et par ce qu'il n'est pas, se présente à nous comme une préparation enthousiasmante et enivrante à quelque chose d'encore plus beau et d'encore plus parfait (cf. 1Co 2, 9; 13, 12; Rm 8, 19-23). La vision chrétienne du cosmos et de la vie est donc triomphalement optimiste. Cette vision justifie notre joie et notre reconnaissance de vivre; en célébrant la gloire de Dieu nous chantons notre bonheur.

      Mais cette vision est-elle complète? Est-elle exacte? Sommes-nous insensibles aux déficiences qui existent dans le monde, aux choses qui ne vont pas dans notre existence, à la souffrance, à la mort, à la méchanceté, à la cruauté, au péché, bref, au mal? Ne voyons-nous pas tout le mal qui existe dans le monde, spécialement le mal moral, c'est-à-dire celui qui est commis simultanément, bien qu'à des degrés divers, contre l'homme et contre Dieu? N'est-ce pas là un triste spectacle, un mystère inexplicable?

      Et nous, les disciples du Verbe, nous qui exaltons le bien, nous les croyants, ne sommes-nous pas les plus sensibles, les plus troublés par la vue et l'expérience du mal? Nous le trouvons dans le royaume de la nature, où tant de ses manifestations nous semblent dénoncer un désordre. Nous le trouvons parmi les hommes, où nous voyons faiblesse, fragilité, souffrance, mort, et pire encore. Nous sommes en présence de deux lois qui s'opposent: l'une qui voudrait le bien, l'autre qui tend au mal. Saint Paul a mis en relief l'humiliante évidence de ce tourment pour montrer la nécessité, la chance de la grâce qui nous sauve, c'est-à-dire du salut apporté par le Christ (cf. Rm 7). Le poète païen Ovide avait déjà dénoncé ce conflit dans le coeur de l'homme: Video meliora proboque, deteriora sequor, « je vous ce qui est bien et je l'approuve, mais je fais ce qui est mal ».

      Nous trouvons le péché, perversion de la liberté humaine et cause profonde de la mort, parce que, détaché de Dieu, source de la vie (cf. Rm 5, 12); le péché, occasion et effet de l'intervention en nous et dans notre monde d'un agent obscur et ennemi, le démon. Le mal n'est plus seulement une déficience, il est le fait d'un être vivant, spirituel, perverti et pervertisseur. Terrible, mystérieuse et redoutable réalité!

      Ils s'écartent de l'enseignement de la Bible et de l'Église ceux qui refusent de reconnaître son existence ou qui en font un principe autonome, n'ayant pas lui aussi, comme toute créature, son origine en Dieu; ou encore, qui l'expliquent comme une pseudo-réalité, une invention de l'esprit pour personnifier les causes inconnues de nos maux. Le problème du mal, complexe et absurde pour notre esprit unilatéralement rationnel, devient obsédant. Il constitue la difficulté la plus grande pour notre conception religieuse du cosmos. Saint Augustin le savait bien, lui qui en a souffert pendant des années: « Je cherchais d'où venait le mal et je ne trouvais pas d'explication »

      D'où l'importance de la conscience du mal pour bien voir le monde, la vie, le salut dans une perspective chrétienne. Qui ne se rappelle, dans l'Évangile, le chapitre, si lourd de sens, de la triple tentation du Christ au début de sa vie publique, ou bien les si nombreux récits où le Seigneur rencontre le démon, lequel figure dans ses enseignements (par exemple Mt 12, 43) ? Et comment oublier que par trois fois le Christ appelle « prince de ce monde » le démon, son adversaire (Jn 12, 31; 14, 30; 16, 11)? La réalité de cette présence néfaste est soulignée dans de très nombreux passages du Nouveau Testament. Saint Paul l'appelle « le dieu de ce monde » (2 Co 4, 4), et il nous avertit que nous, chrétiens, nous avons à lutter contre les ténèbres en ayant devant nous non pas un seul démon, mais une redoutable pluralité de démons: « Revêtez l'armure de Dieu pour être en état de tenir face aux manoeuvres du diable. Ce n'est pas à l'homme que nous sommes affrontés, mais aux autorités, aux pouvoirs, aux dominateurs de ce monde de ténèbres, aux esprits du mal qui sont dans les cieux. » (Ép 6, 11-12).

      Divers passages de l'Évangile nous montrent qu'il ne s'agit pas d'un seul, mais de nombreux démons (Lc 11, 21; Mc 5, 9). L'un d'eux, cependant, est le principal, c'est Satan, qui veut devenir l'adversaire, l'ennemi; et avec lui il y en a beaucoup d'autres qui sont tous des créatures de Dieu, mais des créatures déchues parce que rebelles et damnées. De tout ce monde mystérieux, bouleversé par un drame très pénible, nous connaissons bien peu de chose.

      Nous connaissons cependant sur ce monde diabolique beaucoup de choses qui concernent notre vie et toute l'histoire de l'humanité. Il fut le tentateur insidieux et fatal du premier péché, le péché originel. Depuis la chute d'Adam, le démon a acquis un certain empire sur l'homme, dont seule la rédemption du Christ peut nous délivrer. Et cette histoire se poursuit toujours. Rappellons-nous les exorcismes du baptême et les fréquentes références de la Sainte Écriture et de la liturgie à l'agressive et opprimante « puissance des ténèbres » (cf. Lc 22, 53, Col 1, 13). Il est l'ennemi numéro un, le tentateur par excellence. Nous savons ainsi que cet être obscur et troublant existe vraiment et qu'il est toujours à l'oeuvre avec une ruse traîtresse. Il est l'ennemi occulte qui sème l'erreur et le malheur dans l'histoire humaine.

      N'oublions pas la parabole si éclairante du bon grain et de l'ivraie; elle résume et explique l'illogisme qui semble présider à nos contradictions: « C'est un ennemi qui a fait cela ». (Mt 13, 28). Le Christ le définit comme celui qui « dès le commencement, s'est attache à faire mourir l'homme... le père du mensonge » (cf. Jn 8, 44-45). Il menace insidieusement l'équilibre moral de l'homme. Il est le séducteur perfide et rusé qui sait s'insinuer en nous par les sens, l'imagination, la concupiscence, la logique utopique, les contacts sociaux désordonnés, pour introduire dans nos actes des déviations aussi nocives qu'apparemment conformes à nos structures physiques ou psychiques, ou à nos aspirations instinctives et profondes.

      A propos du démon et de l'influence qu'il peut exercer sur les individus, sur les communautés, sur des sociétés entières ou sur les événements, il faudrait réétudier un chapitre très important de la doctrine catholique auquel on s'intéresse peu aujourd'hui. Certains pensent pouvoir trouver une compensation suffisante dans l'étude de la psychanalyse et de la psychiatrie, dans des expériences de spiritisme qui aujourd'hui, malheureusement, se répandent tant dans certains pays. On a peur de retomber dans de vieilles théories manichéennes ou dans de funestes divagations, fantaisistes et superstitieuses. Aujourd'hui, on préfère afficher un esprit fort, sans préjugés, positiviste, quitte ensuite à attacher foi gratuitement à tant de lubies magiques ou populaires, ou, pire encore, à livrer son âme - son âme de baptisé, qui tant de fois a reçu la visite de la présence eucharistique et qui est habitée par l'Esprit Saint - à des expériences sensuelles licencieuses, aux expériences délétères des stupéfiants ou aux séductions idéologiques des erreurs à la mode. Ce sont là autant de fissures par lesquelles le Malin peut facilement s'insinuer pour altérer l'esprit de l'homme. Certes, tout péché n'est pas directement dû à l'action du diable. Mais il n'en est pas moins vrai que celui qui ne veille pas avec une certaine rigueur sur lui-même s'expose à l'influence du « mystère d'impiété » dont parle saint Paul (2 Th 2, 3-12) et promet son salut.

      Notre doctrine se fait incertaine, obscurcie comme elle l'est par les ténèbres qui entourent le démon. Mais deux questions sollicitent légitimement notre curiosité, excitée par la certitude de son existence multiple. Y a-t-il des signes, et lesquels, de la présence de l'action du diable? Quels sont les moyens de se défendre contre un danger si insidieux?

      La réponse à la première question requiert beaucoup de prudence, même si les signes du Malin semblent quelquefois évidents. Nous pourrions supposer sa sinistre intervention là où l'on nie Dieu d'une façon radicale, subtile et absurde; là où le mensonge hypocrite s'affirme avec force contre la vérité évidente; là où l'amour est étouffé par un égoïsme froid et cruel; là où le nom du Christ est l'objet d'une haine consciente et farouche; là où l'esprit de l'Évangile est dénaturé et démenti par les actes; là où l'on affirme que le désespoir est la seule perspective, etc. Mais il s'agit d'un diagnostic trop vaste et trop difficile, que pour le moment nous n'osons pas approfondir et authentifier. Il n'est cependant pas dépourvu de dramatique intérêt pour tous. La littérature moderne lui a en effet, elle aussi, consacré des pages célèbres.

      Le problème du mal demeure pour l'esprit humain l'un des plus importants et des plus permanents, même après la victorieuse réponse que lui a donnée Jésus-Christ: « Nous savons, écrit saint Jean l'évangéliste, que nous sommes [nés] de Dieu, mais le monde tout entier gît sous l'empire du Mauvais. » (1 Jn 5, 19).

      L'autre question est: quelle défense, quel remède opposer à l'action du démon? La réponse est plus facile à formuler, même si elle demeure difficile à mettre en pratique. Nous pourrions dire: tout ce qui nous défend du péché nous protège par le fait même de l'ennemi invisible. La grâce est la défense décisive. L'innocence apparaît comme une force. Et chacun se rappelle que l'enseignement apostolique a pris les armes du soldat comme symbole des vertus qui peuvent rendre le chrétien invincible. Le chrétien doit être militant, vigilant et fort. Il doit parfois pratiquer une ascèse spéciale pour éloigner certaines attaques du diable. Jésus nous l'enseigne et il indique comme remède la prière et le jeûne (Mc 9, 29). Et saint Paul suggère la ligne maîtresse que nous devons suivre: « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. » (Rm 12, 21).

      En ayant donc conscience de l'adversité dans laquelle se trouvent aujourd'hui les âmes, l'Église, le monde, nous nous efforcerons de donner sens et efficacité aux paroles de notre principale prière: « Notre Père... délivre-nous du mal ». Que vous y aide aussi notre Bénédiction apostolique. »


Voyez également ce qu'il dit lors de l'Audience générale:


Paul VI, Audience générale, 15 novembre 1972

      « Le démon et l'influence qu'il peut exercer sur chaque individu, sur la communauté, sur les sociétés entières ou sur les événements pourraient faire l'objet d'un chapitre important de la doctrine catholique qu'il faudrait étudier à nouveau. D'aucuns croient trouver une réponse dans les études psychanalytiques et psychiatriques ou encore dans le spiritisme, aujourd'hui, hélas, si répandu dans certains pays. On craint de retomber dans de vieilles théories manichéennes ou dans d'effrayantes divagations fantastiques et superstitieuses. On préfère aujourd'hui se montrer forts et sans préjugés, se donner des airs de positivisme, quitte, après, à croire à des lubies magiques ou populaires gratuites, ou, pire encore, à ouvrir son âme aux expériences licencieuses des sens, aux expériences néfastes de la drogue, aux séductions idéologiques des erreurs à la mode. C'est par ces brèches que le Mauvais pénètre pour altérer la mentalité de l'homme. »

Paul VI, Audience générale, 15 novembre 1972.



Voyez aussi ce qu'il a dit lors de cette Homélie:


La fumée de Satan dans l'Église

(Paul VI, Homélie 29 juin 1972, éditions St Augustin p. 439 année 1972)

      Devant la situation de l'Église d'aujourd'hui, nous avons le sentiment que par quelque fissure la fumée de Satan est entrée dans le peuple de Dieu. Nous voyons le doute, l'incertitude, la problématique, l'inquiétude, l'insatisfaction, l'affrontement. On n'a plus confiance dans l'Église. On met sa confiance dans le premier prophète profane venu qui vient à nous parler de la tribune d'un journal ou d'un mouvement social, et on court après lui pour lui demander s'il possède la formule de la vraie vie, sans penser que nous en sommes déjà en possession, que nous en sommes les maîtres. Le doute est entré dans nos consciences, et il est entré par des fenêtres qui devraient êtres ouvertes à la lumière. La critique et le doute sont venus de la science, laquelle pourtant est faite pour nous donner des vérités qui non seulement ne nous éloignent pas de Dieu, mais nous le font chercher encore davantage et le célébrer plus intensément. Les savants sont ceux qui courbent la tête, qui s'interrogent le plus douloureusement. Ils finissent par dire: « Je ne sais pas, nous ne savons pas, nous ne pouvons pas savoir. » L'enseignement devient source de confusion et de contradictions parfois absurdes. On célèbre le progrès pour pouvoir ensuite le démolir par les révolutions les plus étranges et les plus radicales, pour renier toutes les conquêtes, pour redevenir primitifs après avoir tant exalté les progrès du monde moderne.

      Dans l'Église également règne cet état d'incertitude. On croyait qu'après le Concile le soleil aurait brillé sur l'histoire de l'Église. Mais au lieu de soleil, nous avons eu les nuages, la tempête, les ténèbres, la recherche, l'incertitude. Nous prêchons l'oecuménisme, et nous nous séparons toujours davantage les uns des autres. Nous cherchons à creuser des abîmes au lieu de les colmater.

      Comment cela a-t-il pu se produire? Une puissance adverse est intervenue dont le nom est le diable, cet être mystérieux auquel saint Pierre fait allusion dans sa lettre. Combien de fois, dans l'Évangile, le Christ ne nous parle-t-il pas de cet ennemi des hommes! Nous croyons à l'action de Satan qui s'exerce aujourd'hui dans le monde précisément pour troubler, pour étouffer les fruits du Concile oecuménique, et pour empêcher l'Église de chanter sa joie d'avoir repris pleinement conscience d'elle-même.

      Et c'est pourquoi nous voudrions, aujourd'hui plus que jamais, être capables d'exercer la fonction, confiée par Dieu à Pierre, de confirmer nos frères dans la foi. Nous voudrions vous communiquer ce charisme de la certitude que le Seigneur donne à celui qui le représente sur cette terre, quelle que soit son indignité. La foi nous donne la certitude, l'assurance, lorsqu'elle se fonde sur la Parole de Dieu, acceptée et reconnue comme conforme à notre raison et à notre âme humaine. Celui qui croit avec simplicité, avec humilité, sent qu'il est sur la bonne voie, qu'il a un témoignage intérieur qui le réconforte dans la difficile conquête de la vérité.

      Le Seigneur est lui-même lumière et vérité pour celui qui accepte sa Parole. Et alors sa Parole n'est plus un obstacle sur le chemin de la vérité et de l'être, mais une échelle par laquelle nous pouvons monter à la conquête du Seigneur qui se montre à nous par la foi, laquelle est anticipation et garantie de la vision définitive.

      Nous savons que, dans l'humanité d'aujourd'hui, il existe un très grand nombre d'âmes humbles, simples, pures, droites, fortes, qui suivent l'invitation de saint Pierre à être « forts dans la foi ». Nous voudrions que cette force de la foi, cette assurance, cette paix, triomphent de tous les obstacles. Nous invitons tous les fidèles à un acte de foi simple et sincère, à un effort psychologique pour arriver à prononcer au plus intime d'eux-mêmes cet acte conscient d'adhésion: « Seigneur, je crois dans ta parole, je crois dans ta révélation, je crois en celui que tu m'as donné comme témoin et garant de la révélation, pour éprouver avec la force de la foi l'anticipation de la béatitude de la vie qui nous est promise avec la foi. »


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